etape 3 : deux agents municipaux préparent les colis avant distribution aux habitants

L’affaire n’est pas mince et il faut tenir le rythme, tant les 50 couturières bénévoles sont rapides à fournir les masques, réalisés avec la matière première issue de dons et récoltée, entre autres par Liliane Chorin, présidente de l’antenne locale de l’ANAEF (Association normande d’aide à l’enfance et à la famille). Au 30 avril, près de 1 000 masques avaient été réalisés.

Dès réception en mairie, 2 masques par foyer sont mis en sachet avec un mot du maire et la notice de l’AFNOR sur leur port et les consignes de nettoyage, par Guylaine Legallois et Manon Tuytten, agents municipaux. Toutes deux, en « repos forcé » suite à la fermeture des écoles et du centre de loisirs, sont mobilisées deux fois par semaine.

La tâche se fait dans la bonne humeur, avec les précautions d’usage et distanciation physique dans la salle du conseil de la mairie.

Guylaine LEGALLOIS fait partie de la collectivité territoriale depuis fin décembre 1989. Agent d’animation, elle effectue la surveillance de la garderie des écoles du Pot d’Etain et Aristide Bisson, à Saint-Pierre-sur-Dives. Elle est également mise à disposition de la Ligue de l’enseignement les mercredis et pendant les vacances scolaires, où elle remplit les fonctions d’animatrice auprès des enfants.

Quant à Manon TUYTTEN, elle est employée en tant qu’agent territorial spécialisé des écoles maternelles (ATSEM), contractuelle, à l’école du Pot d’Etain depuis septembre 2019.

Etape 2 : portrait d’unE des 50 bénévoles mobiliséEs

Evelyne Séguro, 61 ans, comptable à la retraite. Elle réside, avec son époux, sur la commune de Berville/L’Oudon depuis le 31 juillet 2019. Elle a une fille, un gendre et deux petits enfants qui vivent dans l’Oise.

L’ancrage

« Mon père était Normand né à Granville et c’est une région que nous affectionnons tout particulièrement. Mon mari préférant la campagne et les paysages du Calvados, nos recherches se sont situées ici à une trentaine de kms de la mer. Nous avons choisi Berville, car nous recherchions un village calme et proche des commodités d’une ville telle que Saint-Pierre-sur-Dives (médecins, pharmacie, commerces et vie sociale etc. »).

Le premier jour du confinement, un agent communal a remis à mon époux (70 ans) un courrier de la Mairie nous demandant si nous voulions être contactés par leur service pendant toute la durée de celui-ci pour prendre de nos nouvelles, faire nos courses.

N’ayant pas de famille dans la région, et ma fille nous souhaitant vivement de le faire (cette maladie étant très virulente) mon époux ayant été hospitalisé dans le passé, il nous a semblé judicieux d’avoir recours à ce service nous évitant tous déplacements ».

L’engagement

Il y a 3 semaines, apprenant que la commune de Saint-Pierre-en-Auge cherchait des bénévoles pour faire des masques alternatifs pour les habitants, Evelyne Séguro s’est porté volontaire « sans réfléchir tant il était normal pour moi de le faire, et cela me permettait à ma façon de rendre ce que je recevais chaque semaine. De plus, je me sentais utile à quelque chose, et rompre la monotonie du confinement. Car les jours se suivent et se ressemblent ! Nous ne nous plaignons pas, car ayant une jolie maison et du terrain, nous ne sommes pas enfermés dans 20 m2 comme certaines personnes. Mon mari s’occupe de l’extérieur, fait un potager, et moi l’entretien de la maison le matin et tous les après-midis, la confection des masques ».

Evelyne a même mobilisé sa voisine qui lui a donné draps et élastiques et qui coupe les carrés de tissus pour l’avancer, toujours en respectant les distances et gestes barrière. « Elle aussi à sa façon, participe et est très contente de le faire ».

La bénévole pense en avoir fait déjà 70 masques environ. « J’en ai fait aussi à mes enfants et petits-enfants avec le tissu que j’avais chez moi, je leur ai envoyé cette semaine ».

L’avenir

Evelyne souhaite que le virus du Covid19 disparaisse à tout jamais afin qu’il n’y ait plus de malades ni de décès en si grand nombre. Elle espère que soit vite trouvé un traitement et un vaccin pour le combattre.

 « Bien évidemment, j’espère que mon mari, nos enfants, petits-enfants et tous nos proches et les personnes que nous connaissons sortent vainqueur de ce fléau, et surtout les revoir prochainement car ils nous manquent énormément ». Elle aimerait pouvoir rencontrer, lorsque ce sera possible, tous les bénévoles mobilisés comme elle par la municipalité dans cette action solidaire.

étape 1 : la coordination des bénévoles

Pétronille Esclattier, 26 ans, a été choisie par la commune de Saint-Pierre-en-Auge, à l’initiative de la démarche de confection des masques alternatifs, pour coordonner le travail des associations et bénévoles. Elle nous explique sa tâche.

  • Quel est votre lien avec Saint-Pierre-en-Auge ?

Je suis une habituée de Saint-Pierre-sur-Dives, berceau de ma famille depuis le 19e siècle, où nous revenons pour les vacances. Certains Pétruviens se souviennent encore d’Arlette Gassion (mon arrière-grand tante) qui était enseignante à Saint-Pierre-sur-Dives et à Douvres-la-Délivrande et son frère Bernard qui collectait le lait dans les fermes alentours pour aller le porter à Rungis.

Avec mes parents et mes sœurs, nous avons aménagé la maison de façon plus moderne et nous y venons régulièrement avec plaisir. Nous apprécions beaucoup le marché du lundi matin et le dynamisme de la ville, le cinéma, la cour des brocanteurs, les commerces, la magnifique abbatiale…

  • Quelle était votre activité en temps de non confinement ?

J’ai étudié l’Histoire de l’Art et le Droit. Je travaille dans une maison de ventes aux enchères.

  • Pourquoi avez-vous proposé vos services à la mairie ?

Comme beaucoup de Français, je suis en chômage partiel depuis le 16 mars et je voulais vraiment me rendre utile ! J’ai écrit à la mairie pour proposer mes services car j’avais entendu que des agriculteurs avaient besoin de main d’œuvre. Deux jours plus tard, Monsieur le Maire m’a appelé pour me demander d’être fédératrice des volontaires bénévoles pour coudre des masques…J’ai tout de suite accepté.

  • Comment trouvez-vous la démarche initiée par la mairie ?

Il s’agit d’une très bonne initiative. Il est important d’être solidaires. Les personnes ayant le plus besoin de masques « grand public », comme les commerçants et les personnes âgées, n’ont pas forcément le temps ou pas la capacité de les fabriquer, alors qu’à l’inverse certaines personnes ont beaucoup de temps libre : cette activité les occupe et rend service !

  • Quel est votre rôle dans cette action ?

Je suis une coordinatrice : j’organise les travaux et réponds aux besoins en matériel des bénévoles. Je leur envoie les patrons des masques. Ainsi, les services municipaux peuvent planifier la tournée de distribution du matériel et de collecte des masques déjà prêts. Ces masques sont prévus pour le public et non pour le personnel soignant. Seuls deux modèles de masques sont recommandés par l’AFNOR. Beaucoup de patrons circulent sur Internet et ils ne sont pas tous adaptés. Il ne faut donc pas faire de poches pour mettre un mouchoir, un filtre à café … Trois couches de coton avec un tissage bien serré suffisent.

  • Quel est votre ressenti à travers vos contacts avec la population sur la démarche initiée par la collectivité ?

Les volontaires ont besoin d’être rassurées au début de leur création. En effet beaucoup d’entre elles se disent débutantes en couture et ne pensent pas pouvoir faire beaucoup de masques alors que tout se passe très bien ! Elles acquièrent très rapidement un savoir-faire.
Il faut un peu de temps pour reprendre en main la machine à coudre souvent délaissée, mais après quelques essais les masques sont très réussis! Beaucoup de volontaires m’ont envoyé des questions ou des photos de leurs réalisations, tout le monde est content d’aider la collectivité, ça fait chaud au cœur !

  • Quelle est votre satisfaction personnelle à vous sentir utile pendant cette période inédite ?

Il faut remercier les associations de St Pierre qui fournissent le tissu, et les services de la mairie qui se démènent pour apporter le matériel et récupérer les masques au domicile des volontaires. C’est une vraie organisation ! Nous avons tous besoin les uns des autres à un moment ou à un autre.

  • Quel est votre souhait pour l’avenir ?

Les gens doivent apprendre à mettre, retirer, et à laver correctement les masques. C’est un geste altruiste de porter un masque ! Ces masques à destination de nos aînés seront utilisés lors du déconfinement progressif en conservant les gestes barrières…

Appel aux couturières volontaires et bénévoles !!!

Le port du masque alternatif est notamment préconisé par l’Académie nationale de médecine pendant le confinement.

Les masques chirurgicaux et FFP2 restent exclusivement réservés aux professionnels de santé et aux personnes les plus exposées au coronavirus.

La commune de Saint-Pierre-en-Auge lance un appel aux volontaires pour fabriquer ce masque artisanal « barrières » selon les normes définies par l’AFNOR, afin d’en fournir aux habitants de Saint-Pierre-en-Auge (dans un premier temps, en priorité les commerçants, les personnes âgées, fragiles).

Des associations et des bénévoles rejoignent la commune dans cette démarche collective.

Couturières, volontaires, bénévoles, vous pouvez vous inscrire auprès d’une jeune bénévole ressource du territoire : Pétronille Esclattier  /06 30 78 93 62.